***** Livre sympathique
On ne présente plus ce livre dont on a parlé partout. Je vais donc faire rapide. L’auteur est parti vivre en Bretagne, mais comme il n’a pas pu retrouver du travail dans le social – son métier d’origine, il s’est inscrit en agence d’intérim et a travaillé dans des usines où il a fait du travail à la chaîne. Ce livre est cette histoire; la description de son quotidien, les coups durs comme les moments joyeux.
Ce livre m’a attirée car j’ai moi-même travaillé à la chaîne. Bon… contrairement à Joseph Ponthus, je n’ai pas travaillé en abattoir ni dans des manufactures de crevettes (bonjour l’odeur !), mais en milieu semi stérile, assez aseptisé. Rien à voir donc au niveau des conditions de travail, mais cela m’a très bien remis en tête la règle clé du travail à la chaîne : la ligne ne doit jamais s’arrêter.
Arrêtons-nous d’abord sur le style. Aucune ponctuation, pas même un point final. On pourrait croire cette lecture laborieuse mais il n’en est rien. En effet, la ponctuation est remplacée par des retours à la ligne fréquents. Parfois, sur une ligne, il n’y a qu’un mot. Cela donne beaucoup de rythme car on est loin des gros paragraphes imbuvables. Lorsque je lisais j’avais l’impression de faire du slam dans ma tête… Ce manque de ponctuation est là pour rappeler le travail à la chaîne : pas le temps pour les fioritures, il faut que le principal soit présent, ici les mots. Pas le temps de retoucher, d’ajouter une virgule ici ou là. On enchaîne, pas le temps de revenir en arrière pour fignoler.
Au niveau du contenu je suis un peu restée sur ma faim. Le quotidien du travailleur à l’usine est bien décrit, en plus ici dans un univers relativement dur physiquement (les employés doivent pousser des carcasses plus lourdes qu’eux à longueur de journée; ils travaillent dans le froid; il y a des accidents…). L’attente de l’appel de l’agence d’intérim est aussi très bien retranscrite. J’ai eu l’impression à certains moments que le sujet tournait un peu en rond, mais c’est, je pense, parce que je m’attendais à lire plus d’anecdotes, à avoir quelques « perles » d’usine. En fait je ne m’attendais pas du tout à ce contenu. Je n’ai pas été déçue, c’est juste que je m’attendais à autre chose.
À la ligne donne une belle leçon d’humilité car oui, il faut bien manger. Et quand l’argent ne rentre pas, il faut trouver un moyen, même si c’est dur.
Message à garder en tête : lorsque l’on consomme certains produits, on est un peu responsable, nous aussi, de ces conditions de travail.
En résumé, ce livre est très intéressant à lire, on entre dans l’univers de l’usine, un univers que l’on ne peut vraiment comprendre que si on y a été. Il y a des hauts, il y a des bas, mais on avance.
À la ligne, Joseph Ponthus, Editions de La Table Ronde, 2019
Je suis comme toi, restée sur ma faim, ayant moi aussi travaillé à la chaine. J’en attendais plus.
Oui, j’ai trouvé que ça tournait un peu en rond à un moment.
Cela dit, j’ai abordé ce roman comme une fiction alors que c’est plus un témoignage, un document.